Conseil en relations publiques

Newsletter du 22/09/2023


Bonjour à toutes et à tous, nous espérons que vous avez passé une bonne semaine. Nous vous retrouvons pour votre dose hebdomadaire d'actualités en affaires publiques offerte par le cabinet VOXA. Voici les éléments qu'il ne fallait ne pas manquer cette semaine de rentrée

  • Vente à perte de carburant : un projet de loi en préparation malgré le coup de pompe de la grande distribution
  • Plein emploi et Nupes au turbin
  • Edouard Philippe ou la contrainte du temps long…
  • Immigration : un coup à gauche, un virage à droite, et une sortie de route pour Darmanin ?
  • Le politique de la semaine

La citation de la semaine

« Les sénatoriales sont la seule élection où les électeurs mentent plus que les candidats. » - Hervé Marseille, président du groupe Union Centriste au Sénat, par ailleurs candidat à son renouvellement le 24 septembre.

L’instant réglementaire :

Les automobilistes pourront-ils profiter de cette annonce de la Première ministre, Élisabeth Borne : la possibilité pour les stations-service de vendre à perte le carburant ? Une mesure destinée à amortir l'envolée des prix liée à la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de réduire sa production.

La grande distribution dit non à la vente à perte, mais le gouvernement continue sur sa lancée, escomptant un changement d'avis. Même si la grande distribution n'entend pas vendre à perte le carburant, le gouvernement veut maintenir cette possibilité.

Mercredi dernier, les principales enseignes de la grande distribution l'ont clairement refusée. Auditionné par la Commission des affaires économiques de l'Assemblée, Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, a estimé qu'il ne fallait « pas ouvrir la boîte de Pandore. » Même approche pour Thierry Cottillard, président du groupement Les Mousquetaires (Intermarché, Netto) : « Si on fait ça, on va augmenter le prix des pâtes, on n'est pas complètement cinglés. »

Le jeu d'équilibriste du gouvernement sur le pouvoir d'achat pourrait ainsi se retourner contre lui, alors que la lutte contre la hausse des prix du carburant poursuit l'exécutif depuis plusieurs années maintenant. À court terme, si les distributeurs ne jouent pas le jeu de la baisse des prix, il n'existerait en effet que trois leviers au gouvernement, dont deux concernent la baisse des taxes.

La première taxe que le gouvernement pourrait baisser est celle appelée Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), mais cela veut dire moins de recettes pour l'État et les collectivités territoriales. La seconde, mise en avant par les oppositions, est la TVA : un coût budgétaire à faire s'évanouir un BLM et un bénéfice social faible, à cela s'ajoute l'incohérence de promettre un prix faible pour des énergies fossiles face aux changements demandés par la crise climatique. Un gouvernement qui, avec ce nouveau texte de loi, peine encore à trouver la bonne partition alors que résonne encore le chant des gilets jaunes à chaque flambée de baril… Rogner sur les marges n'est que la dernière mesure en date pour éviter au gazole de s'envoler au-dessus de la barre symbolique des deux euros le litre, après le bouclier tarifaire, puis la ristourne globale à la pompe, payée par l'État, et un chèque dédié pour les ménages modestes. La dernière solution entre les mains du gouvernement consisterait à émettre un nouveau chèque… Entre plusieurs maux, le seul mot d'aide au plus faible est déjà sur les tablettes de la commission des affaires économiques de l'Assemblée… Dans le mécano des solutions, le carburant aussi devient rare…

Plein emploi et Nupes au turbin

Baptême du feu pour Charlotte Parmentier-Lecocq. À peine élue à la tête de la commission des affaires sociales en début de semaine, la députée Renaissance a dû gérer une séance tendue dans la nuit de mercredi à jeudi 21 septembre, alors que l'instance examinait le projet de loi "pour le plein emploi". Les députés de plusieurs groupes d'opposition - Nupes, LR, Liot - ont quitté la commission des affaires sociales dans la nuit de mercredi à jeudi pour dénoncer les conditions d'examen du projet de loi "pour le plein emploi" à une heure tardive… Ça sent bon la rentrée et la mise en bouche avant la grande passe d’armes du projet de loi de finances…

Les députés ont engagé une "charte de coopération renforcée" entre les membres du réseau France Travail, pour remplacer la charte d’engagements retoquée au Sénat, l'inscription dans le texte de la durée, au minimum 15 heures, de l'obligation d'activité pour les bénéficiaires du RSA, le maintien de l'appellation Pôle emploi pour l'institution qui, dans le projet initial du gouvernement, devait devenir l'opérateur Pôle emploi. Notons également l'annonce du dépôt par François Gernigon, député Horizon du Maine-et-Loire, d'un amendement visant à ce que l'inscription obligatoire à Pôle emploi des jeunes s'adressant à une Mission locale ne concerne pas ceux qui ne sont pas en demande d'un accompagnement professionnel.

Le texte a été adopté peu avant 2 heures du matin. Il sera débattu dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à partir du lundi 25 septembre.

Sur la scène politique :

Edouard Philippe ou la contrainte du temps long…

Est-il encore possible d’installer des thèmes fondamentaux pour le pays qui s’inscrivent dans le temps long et d’enjamber le temps court ? A l’heure ou le Macronisme a inscrit l’activisme comme action, que la sarkocommunication d’un Gérald Darmanin atteint ses limites, que les coups de com’ d’un Gabriel Attal impriment et les coups d’éclats ou coups de gueules côté insoumis vont marquer la rentrée au Palais Bourbon, la stratégie empruntée par Edouard Philippe interroge tant par singularité que son relatif succès actuel.

Nous parlons pourtant de l’homme qui a Matignon géra l’épisode Gilet Jaune, la première vague de la covid… Autant de crises qui ont révélé des mécanismes d’interpellation du pouvoir, la mise en cause par les gouvernés, qui amènent à céder non seulement à la pression du très court terme, voire de l’immédiateté, mais aussi à rabattre la réflexion et la vision sur l’instant présent. Voilà un quart de siècle, un candidat pouvait encore sauver le pouvoir de cette demande d’immédiateté. Aujourd’hui, les réseaux sociaux et plus globalement la numérisation de l’espace public rendent presque impossible l’inscription de la politique démocratique dans le temps long. Et pourtant, l’homme du Havre choisi de raréfier sa parole et segmenter son positionnement. Un seul créneau, incarner avant de parler, être autoréférentiel avant de faire sa révérence au temps médiatique... L’ex-Premier ministre et maire du Havre ne change pas sa méthode et reste ainsi dans les canons de la Ve. L’homme d’Etat écrit comme Mitterrand, lit comme Giscard, et court la campagne comme un Chirac… Dernier acte, la publication "Des lieux qui disent", dernier effort littéraire comme une nouvelle pierre sur la longue route avant la présidentielle. Une nouvelle illustration surtout du temps Bergsonien, un temps qui s’étire et le défi de le dominer… Il va falloir gérer la montre, doser l’effort, apprivoiser ce statut sparadrap de personnalité politique préférée des Français...On ne relèvera pas une prise de risque maximale en cette rentrée avec le sujet choisi : l’éducation.

Souvenirs d’écolier : lui, le fils et frère de profs. Père, mère, sœur, usés par leur métier. Le plus beau malgré tout. Pour Edouard Philippe, rien ne sera réglé « si nous ne savons reconstruire une école digne de notre pays. » Il faut mettre le paquet sur l’Education nationale, revoir les rythmes scolaires, car les vacances d’été sont sources d’inégalités… L’élève Philippe connaît autant son marquis de Lapalisse que les leçons de Clausewitz…

Éducation, inégalités… Une petite musique qui sonne maintenant comme du Gabriel Attal. Le jeune ministre adepte du coup de com’ résume ici les difficultés qui attendent Édouard Philippe. Comment se différencier, comment cranter un sujet sans être récupéré par les « amis » de la majorité ? Il a été trois ans Premier ministre d’Emmanuel Macron, comptable de sa politique et de son bilan. Le Président le voit comme « un ami », capable de lui succéder. Mais en politique, pour grandir, il faut parfois rompre avec ses amis... En 2007, pour créer un semblant d’alternance après 12 ans de Chirac, Nicolas Sarkozy invente la « rupture ». Quelle sera l’émancipation version Philippe ?

Il faudra déminer le passé, solder le passif (la taxe carbone, les gilets jaunes, les 80 km/h, la retraite à 67 ans…) Et se projeter : est-ce qu'il reprendra le flambeau du "en même temps" et du "dépassement" ? Où voudra-t-il réincarner la droite classique ? Quelques indices, déjà : sur l'immigration, il pose des jalons doucement... L’ex lieutenant d’Alain Juppé sachant mieux que personne à quel point une popularité au firmament peut être un magot maudit pour son détenteur… Édouard Philippe sait à quoi s’en tenir, d'autant qu'il n'est pas le seul à cultiver cet immense jardin qui va des déçus de la Nupes aux Républicains contrariés…

Éloge de la patience sans être immobile... Tel est le "nœud gordien" d'Édouard Philippe. Ultime référence du livre, un hommage à Pompidou, un ex-Premier ministre entré à l'Élysée. Comme Chirac. Deux. C'est tout, c'est peu. Peut-il être le troisième ?

Décryptage :

Immigration : un coup à gauche, un virage à droite, et une sortie de route pour Darmanin ?

Après une tentative d'envolée en solitaire à Tourcoing, le Ministre de l'Intérieur subit un atterrissage forcé sur la piste des réalités régaliennes : la désormais fameuse loi sur l'immigration. Coincé entre une aile gauche de la majorité revigorée, des LR déterminés, un Macron aux aguets depuis les nuitées de Saint-Denis, et une Élisabeth Borne prête à dégainer un 49-3 avec gourmandise, Gérald Darmanin connaît déjà son examen de passage en pleine rentrée…

La jambe gauche du "en même temps" s'est remise en marche à propos du projet de loi sur l'immigration. Une dizaine de parlementaires Renaissance, emmenés par le président de la Commission des lois de l'Assemblée, Sacha Houlié, ont cosigné avec la gauche une tribune pour défendre la création d'un nouveau titre de séjour pour les sans-papiers travaillant dans les métiers dits "en tension". Et plusieurs voix se sont élevées jusqu'au sein du gouvernement, comme celle du ministre de l'Industrie, Roland Lescure, pour saluer cette initiative.

Les parlementaires rappellent ici le Ministre, mais surtout le président lui-même, à son engagement en défendant une mesure que Gérald Darmanin pourrait être tenté de vider de sa substance, voire d'abandonner pour rallier l'appui des députés LR. Cosigner un texte initié par la gauche ne réjouit pas davantage l'exécutif. Demain, des députés de l'aile droite de Renaissance pourraient décider de faire de même et s'associer avec des parlementaires LR, sur l'immigration ou sur un autre sujet. Bref, le désordre met l'exécutif sous pression.

Mais quand certains jouent le temps long, l'héritier de Nicolas Sarkozy doit lui, plus que jamais, gérer les coups et contrecoups d'un ministère faisant corps et cœur avec l'actualité.

Dans cette nouvelle crise migratoire qui secoue l'Europe depuis l'arrivée de réfugiés sur l'île de Lampedusa, Gérald Darmanin est déjà contraint à un « en même temps » des plus délicats entre droite et RN en embuscade… Ainsi s'il n'entrouvre la porte que pour les "demandeurs d'asile persécutés dans leur pays", Marine Le Pen a beau jeu de répondre "pas un migrant de Lampedusa ne doit mettre les pieds dans l'hexagone". Pas même donc ceux qui fuiraient la guerre ou la torture et seraient éligibles au droit d'asile, une tradition pourtant ancrée dans l'histoire de notre République…

Marine Le Pen espère tirer un profit politique de cette crise, et c'est la crainte de l'exécutif. C'est ce qui explique la fermeté de Gérald Darmanin, avec les limites de l'exercice. Marine Le Pen surfe sur les images des réfugiés qui s'entassent à Lampedusa, pour dénoncer sur tous les tons le naufrage de l'Union européenne, les élections du même nom approchant à grands pas. C'est là que l'on mesure que cette crise migratoire est autant une épreuve pour la crédibilité de Marine Le Pen que celle de Gérald Darmanin. Mais quand la première avance en terrain conquis, le second avance sur des sables mouvants… Une inflexion à droite, c'est autant de perdu à gauche… Une équation à résoudre par un 49-3 ?

Si on connaît l’animosité qu’Élisabeth Borne porte à son Ministre, l’hôte de Matignon est pourtant dans le même bateau : celui d’une majorité relative déjà promise à tanguer dès le projet de loi de finances. Avec ce texte sur l’immigration, un parfum de 49-3 risque de flotter de nouveau sur l’hémicycle. D’un autre côté, le réveil de l’aile gauche de Renaissance, c’est aussi pour Élisabeth Borne un gage de survie à Matignon. Elle semble la mieux à même de préserver la pluralité interne à la majorité, mieux en tout cas que Gérald Darmanin, le chef de file de la jambe droite. C’est ce qui a convaincu Emmanuel Macron de la conserver à son poste en juillet, malgré l’offensive du ministre de l’Intérieur. Bref, Élisabeth Borne est encore, pour un temps, le plus petit dénominateur commun d’une majorité tellement fragile qu’elle n’est que relative. Une autre forme de temps bergsonien ?

Le politique de la semaine :

Monsieur CNR Jeunesse

Mathieu Maucort, le délégué interministériel à la Jeunesse, est un politicien de la nouvelle génération. Diplômé de Sciences Po et HEC, il a commencé chez McKinsey, participant activement à la campagne d'Emmanuel Macron en 2017. Il a occupé des postes clés au sein du parti En Marche, puis dans le secteur privé.

Originaire de Plassac en Gironde, il a vécu en banlieue parisienne et à Tours, le sensibilisant aux problèmes de la jeunesse et de l'éducation. Depuis 2023, il dirige la délégation interministérielle à la Jeunesse, coordonnant les politiques jeunesse entre ministères. Ses priorités sont l'égalité des chances, l'insertion professionnelle, le bien-être des jeunes et leur citoyenneté.

C'est tout pour cette semaine ! N'hésitez pas à partager cette newsletter avec vos collègues et à nous contacter pour toute question ou besoin de clarifications. On se retrouve vendredi prochain. À bientôt !


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